dimanche 7 février 2016

Amy et Isabelle - Elisabeth Strout

J'avais acheté ce livre il y a un moment déjà sur Kindle, j'ai du en faire un article précédemment. Je ne l'avais pas vraiment  terminé comme pas mal de mes lectures ces derniers temps car il faut le bien dire je suis accro aux séries et aux jeux en ce moment. J'en ai repris la lecture le matin très tôt depuis quelques semaines quand il fait encore nuit, puisque rien ne me presse à me lever j'attends tranquillement au chaud sous ma couette que le jour se lève avec mon ipad comme seule source de lumière et ma lecture. Ce temps du matin est très propice à la lecture pour moi, pas de bruits dans la maison et il fait encore un peu froid le chauffage ne se mettant en route que vers 6 h du matin, j'ai l'esprit en éveil sans distractions autour, le chien et les chats dorment à cette heure là et personne n'est encore levé ou tout du moins les bruits sont feutrés.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire qui décrit les rapports complexes entre une mère et sa fille adolescente dans les années 1960 en Amérique dans le Maine. C'est très finement  décrit et observé (je suis fille et mère d'une fille ! lol ). Je me suis donc complètement replongée dans cette ambiance  recluse et fusionnelle entre une mère (Isabelle) et sa fille (Amy). C'est pas sans me rappeler le film de Diane Kurys, Diabolo menthe.
Je vais donc poursuivre ma découverte de cet auteur, Elisabeth Strout.

Extraits
"...Évidemment, le vrai problème, c’était d’être toute la journée avec sa mère. Amy avait la sensation qu’un fil noir les reliait, aussi fin qu’un trait de crayon, peut-être, mais toujours tangible. Même si l’une d’elles sortait de la salle, allait aux toilettes, disons, ou chercher un verre d’eau au rafraîchisseur dans le couloir, ça ne coupait pas le fil noir ; il passait à travers le mur et persistait à les relier. Toutes deux faisaient de leur mieux. Au moins, leurs tables étaient éloignées et elles se tournaient le dos...

...Isabelle ramassa des miettes du bout des doigts. Déjà, elle avait du mal à se rappeler comment était leur vie avant cet été. Il y avait eu des soucis – ça, elle s’en souvenait. Un perpétuel manque d’argent, les collants qui filaient tout le temps (Isabelle ne mettait jamais un collant filé, ou alors elle mentait et racontait que ça venait d’arriver), et Amy qui avait à préparer quelque chose pour la classe, un truc idiot de carte en relief pour laquelle il fallait de la glaise et du caoutchouc mousse, des travaux de couture en cours d’économie domestique – là aussi, il fallait débourser. Mais aujourd’hui, en mangeant son steak haché et son toast face à sa fille (cette étrangère), avec la lumière voilée du soleil de fin d’après-midi qui tombait sur le sol devant la cuisinière, Isabelle éprouvait la nostalgie de ce temps-là, du privilège de se tracasser pour des choses banales...

...Au temps jadis, ni l’une ni l’autre ne quittait la table avant que l’autre eût terminé. Cette habitude courtoise remontait à la petite enfance d’Amy, laquelle mangeait toujours lentement, juchée sur deux gros catalogues de Sears, avec ses jambes qui pendaient dans le vide. « Tu restes avec moi, maman ? », disait-elle d’un ton anxieux en voyant qu’Isabelle avait fini. Et Isabelle restait toujours. Elle était souvent fatiguée de sa journée, énervée, et elle aurait franchement préféré aller feuilleter un magazine pour se détendre, ou au moins se lever pour entreprendre tout de suite la vaisselle. Mais elle se refusait à dire à sa fille de se dépêcher, afin de ne pas troubler sa petite digestion. C’était le moment qu’elles passaient rituellement ensemble. Elle restait assise."


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